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Paris-Rouen

Préparation

 

La préparation: précaire, mais indispensable. Une semaine tout au plus le temps de réunir ce dont j'avais besoin:

 

- Déjà acquis: un vieux kayak gonflable, sans doute un des premiers du genre: 2 boudins et un plancher gonflables, 2 sièges en carton couverts de tissu imperméable qui se clipsent sur les boudins, et 2 quilles pour tenter de maintenir une trajectoire entre deux coups de pagaie.
2 points cependant le distinguait du jouet de plage de base: sa taille, 4 mètre 50, et l'épaisseur du plastique qui lui donnait une bien meilleure résistance à la crevaison. Je l'avais acheté à 13 ans. A l'époque, c'était pour moi un porte-avion. 100 Euros


- Un gonfleur à main. J'avais déjà un gonfleur à pied, me direz-vous, alors pourquoi à main? Il faut remonter quatre ans auparavant:

Il est 4h du matin, à quelques semaines du bac. Trois jeunes abrutis s'affairent sur le ponton de l'île Monsieur, animés par un projet commun: arriver en kayak au lycée pour se voir attribuer le motif de retard le plus absurde possible : «a perdu sa pagaie sur le trajet de l'école», «Courant trop important suite aux orages de ces derniers jours», etc...

Après 20 minutes à remonter courageusement la Seine, il faut nous rendre à l'évidence: le kayak est crevé, et se dégonfle rapidement. Rien de suffisant pour nous inquiéter, mais il faut quand même le regonfler, sous peine de ne jamais atteindre la statue de la Liberté, lieu prévu pour le débarquement.
Accoster sur une berge: possible, mais compliqué en plein milieu de Paris. Le plus simple est encore de regonfler dans le kayak, au milieu de l'eau. Le plancher gonflable n'offrant pas une surface très dure, nous devons donc regonfler avec les genoux, le gonfleur entre les jambes, patiemment, sous chaque pont. Nous avons finalement eu le droit à notre entrée triomphale sous l'œil médusé du surveillant. Donc un gonfleur à main, plus pratique en cas de crevaison: 15 Euros

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

- Des cartes de la Seine «navicartes», conseillées par monsieur BEDOS du service de navigation de la Seine. J'en profite pour le remercier une nouvelle fois pour son aide. Indispensables également.

 

- Une bâche pour couvrir mes affaires dans la journée (en particulier de l'eau projetée par les pagaies), et pour être abrité la nuit. Faisant office de bâches: deux plastiques transparents de 2x1 mètre, récupérés à la maison, habituellement utilisés pour protéger le sol lorsqu'on fait de la peinture.

 

- Deux cordelettes, 7 et 5 mètres de long. Pour attacher mon kayak, tendre ma bâche pour la nuit, en cas d'imprévu (sur ce coup l'avenir me donnera raison) 10 Euros

- Une caisse de vin (vide), récupérée dans les encombrants, pour surélever mon siège. Explications: Hiver 2011: je pars faire du kayak, une soudaine étincelle d'aventure, me pousse à commencer par descendre la Seine, plutôt que de faire le trajet habituel plus logique: d'abord remonter vers Paris, puis s'aider du courant pour revenir à Sèvres. J'arrive aux écluses de Suresnes en 30 minutes. Je me retourne alors: impossible d'avancer, la Seine en crue, repousse tous mes efforts et m'entraine vers le barrage. 10 secondes de panique. Je m'arme de courage, me rapproche des péniches pour pouvoir m'agripper en cas de besoin et déploie toute mon énergie à lutter contre le courant. 10 cm par 10 cm, hublot après hublot (j'évalue ma vitesse grâce aux péniches), je m'arrache aux écluses, et reprends du terrain. Il m'aura fallu 2h pour revenir à mon point de départ. Après avoir assisté à un magnifique couché de soleil, je m'arrête finalement au niveau du premier bout de ponton atteignable, exténué. Lorsqu'enfin je sors de l'eau, je réalise que j'ai perdu toute la sensibilité de mes pieds et que mes jambes ankylosées me portent à peine. Mes orteils ne sont plus que des cailloux gelés, qui heurtent douloureusement le bois du ponton. 2H30 en jean en plein hiver, à s'asperger d'eau gelée à chaque coup de pagaie, c'était relativement prévisible. Sur le coup je l'ai également mis sur le compte de ces fameux sièges: au raz de l'eau, plié en deux sur le kayak, la circulation des jambes était vraiment entravée. Me surélever permettrait de libérer l'aine et donc de rétablir le flux de sang. Ce soir-là c'est aussi la première fois que je me suis dit « jamais je n'irai en corse ». C'est la première d'une longue série.

 

- Dans la série bricolage, j'avais également improvisé un cale-pieds, à l'aide d'une planche de parquet coupée aux bonnes dimensions, fixée au kayak par deux sangles.


- De la nourriture pour 5 jours. Durée prévue initialement

 

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